Julien Jacquérioz

Directeur du théâtre des Halles

En quelques mots, le théâtre des halles c’est….

Un espace d’accueil et de création pour les arts de la scène et un lieu de vie culturelle pour la population sierroise et valaisanne…voici la réponse officielle. Et pour moi, c’est un lieu d’effervescence culturelle. J’adore cet endroit donc je ne suis pas objectif ! D’abord je suis comédien, et j’ai voulu postuler ici pour devenir directeur car je trouve que cet endroit est hyper important pour le canton du Valais car c’est un lieu où on permet aux artistes de créer des spectacles, sans censure, et d’avoir des espaces adaptés à cet exercice avec les 2 salles et le labo. C’est un des seuls lieu pour moi qui offre cette qualité d’accueil, et j’ai voulu diriger ce lieu pour que ça ne disparaisse pas et continuer cette liberté d’expression d’artistes !

Le plus important dans ton métier c’est…..

La relation avec les gens, soit l’équipe du théâtre, mais aussi les artistes, et les spectateurs. Le plus important dans mon job c’est d’avoir une qualité de relation avec tout le monde, que tout se passe bien, et que chacun chacune puisse faire son travail, que les spectateurs-trices puissent voir un spectacle dans de bonnes conditions et que les artistes puissent travailler dans de bonnes conditions. Le plus important c’est que toutes ces relations fonctionnent bien.

Qu’est-ce que tu changerais si tu le pouvais dans ton travail ?

J’aimerai avoir une plus grande équipe ! Parce qu’on est une petite équipe multitâche et je trouverai tellement bien que chacun-e puisse être que dans son domaine d’expertise et de compétences. C’est vrai que la petite équipe permet de fonctionner plus facilement car chacun se connaît bien et on a appris à travailler ensemble, mais cela demande d’être très clair sur les différentes tâches, c’est la raison pour laquelle nous faisons beaucoup de séances ensemble pour clarifier qui fait quoi et vérifier ainsi que personne ne soit lésé.

Pourquoi inclure tout le monde…pourquoi l’inclusion est importante pour toi ?

Ça me paraît être une évidence, parce que je pense qu’on est dans un lieu public donc tout le monde doit pouvoir accéder à un lieu public, tout le monde fait partie de la société, je pense qu’il n’y a pas de différences entre les uns et les autres. Et ça me paraît essentiel en tant que lieu public d’être un exemple à montrer comment faire pour que tout le monde puisse venir avec la certitude que ce qu’on fait ici va faire bouger les lignes à l’extérieur. Je suis assez persuadé que les mesures qui ont été mises en place ici, notamment le bar tenu par l’association des jeunes sourds du Valais, et je sais que certaines personnes qui sont venues se sont rendues compte de la réalité que d’être un jeune sourd et la réalité de la langue des signes. Je crois beaucoup en la force de ces petites choses qui font bouger les choses. Et finalement je suis quelqu’un d’assez libre, j’aime la liberté et pouvoir faire ce que je veux et ça m’est insupportable de penser que je ne pourrais pas faire certaines choses ou d’être limité dans certaines choses, donc si on peut mettre en place des choses pour empêcher ce sentiment de non-liberté de certaines personnes alors il faut qu’on le fasse.

Quel spectacle rêves-tu de présenter aux Halles ?

Tous les spectacles que je présente ici ce sont des spectacles que j’ai rêvé à un moment donné. Je vais voir beaucoup de spectacles, à Genève, à Avignon, l’été je me déplace à la Biennale de danse à Venise, au Luxembourg et en Belgique….je pense que je vais voir entre 150 et 200 spectacles par année, et je reçois entre 1500 et 2000 dossiers d’artistes. Donc entre tous ces dossiers et les spectacles que je vais voir je choisis là-dedans les spectacles qui me font le plus rêver. Et ici je présente que des spectacles qui me font vibrer, dont je parle avec le cœur et enthousiasme. C’est ma chance de pouvoir travailler ici car ce n’est pas un théâtre très spécifique, donc je peux présenter tous mes coups de cœur dans des genres différents.

J’ai quand même 2 spectacles que je rêve de faire venir, mais je n’ai pas le budget ni l’espace. Il s’agit de George de Molière, présenté par une compagnie belge la clinique orgasmique, qui reprenne cette pièce avec énormément de liberté et est très très drôle.

Et de la plus grand chorégraphe au monde, qui est venue présenté il y a quelques années ici la pièce Rosas. Actuellement, elle propose un spectacle avec 15 danseurs-ses dans lequel on vit plein d’émotions aussi sur le thème de la liberté.

Raconte-nous une de tes journées ?

Laquelle je dois choisir ?(rire) Je n’ai jamais une seule journée la même chose, mais très souvent je viens ici le matin et la première chose que je fais c’est un biscuit pour mon chien Théo ainsi il est content de venir, un café pour moi, puis je trie mes e-mails et je décide les sujets sur lesquels je vais me pencher aujourd’hui. Ensuite je signe tous les contrats, les factures, etc. et ensuite très souvent j’ai une séance hebdomadaire avec les différents secteurs du théâtre. Je discute de la médiation, de l’administration, de la billetterie, de la communication, du bar et de l’accueil et de l’aspect technique, puis nous avons les séances d’équipe où nous mettons en commun toutes les informations. Ensuite je réponds aux artistes, j’ai à cœur de répondre à tout le monde même si les réponses sont négatives. J’ai également des séances avec les artistes que j’ai choisi notamment pour des créations, car je choisis sur dossier et j’ai besoin de poser des questions pour bien comprendre le projet pour ensuite décider si cette création a sa place dans notre programmation, et le soir je vais voir des spectacles un peu partout en Suisse-Romande. Mais j’ai choisi de ne pas travailler à 100% pour pouvoir faire d’autres choses à côté, je fais du sport, je mets en scène des spectacles, et je donne des cours à la HES.

Un livre, un film ou un spectacles que tu aimerais faire connaître , pourquoi ?

Un livre que j’adore : Le mur invisible de Marlen Haushofer, et qui permet l’imaginaire.

Quelle formation as-tu suivie ?

J’ai fait l’ECG en section sociale à Martigny, puis j’ai fait la HES à Sierre pour devenir éducateur spécialisé, et ensuite pour réaliser mon rêve de devenir comédien, j’ai passé tous les concours des écoles de théâtre pendant une année et j’ai été pris à la Manufacture de Lausanne (Haute école des arts de la scène) et j’ai fait mon Bachelor de comédien.

Quelle question aimerais-tu qu’on te pose ?

Je ne sais pas. Pas celle-là en tout cas (rire)….elle est bien en tout cas ! Ah je sais : où aimerais-tu habiter ? Dans une grande ville et continuer de travailler au théâtre des halles. Moi j’adore les grandes villes, je rêve de vivre à paris, à New-York ou Tokyo parce que j’adore comme ça bouge dans tous les sens, et comme moi je réfléchis un peu trop, j’adore inventer des choses et créer des idées et quand je suis en valais, j’arrête pas de me dire : « ah j’aimerais faire ci, faire ça, ah pis ça,… » et quand je suis dans une grande vielle, à Paris par exemple, comme y a tout et mon cerveau se clame car si je veux aller au cinéma et qu’il est 8h du matin et bien je peux aller au cinéma à 8h du matin. Si je veux manger un steak au poivre à 3h du matin je peux, du coup dans mon cerveau tout est accessible et je n’ai pas besoin d’inventer.

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